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Chroniques d'un dépaysement
26 novembre 2014

Ma France me manque

Je pars finalement pour le Mexique. A l’heure de la mondialisation, partir vivre à l’étranger n’a rien d’extraordinaire, pourtant il n’y a rien de normal quand on quitte son pays. On se sépare de ses proches, de sa terre, celle qui nous a vu naître mais surtout grandir. C’est une belle expérience, vous dira-t-on, mais putain qu’est-ce qu’elle est difficile.

J’ai toujours beaucoup voyagé mais j’ai toujours mis du temps à m’adapter aux changements. Je suis Française, Espagnole, Mexicaine, mais en vérité je suis Française, je ressemble aux Français. Je ne parle pas des hommes, de la crise, de l’état actuel de morosité, j’aime la France, mon pays et il me manque. Je ne suis pas expat, les expat vivent à côté de leurs pompe, ils ont tellement de privilèges qu’ils mènent une vie de château dans n’importe quel coin perdu de la terre. Non, je suis déracinée, pas vraiment désirée, je bosse à la Mexicaine, beaucoup d’heures et peu de vacances. Je suis fatiguée tout le temps, je prends le bus comme la classe populaire du pays. Je suis la seule blanche. On me regarde au mieux avec curiosité au pire avec insistance ou jugement. Je ne me plains pas, qu'ils me regardent! Après tout je suis devenue une curiosité. Putain, qu’est ce qu’elle me manque ma France de mon enfance, ma France des 4 saisons, la France de mes souvenirs.

Je ne suis pas de ceux qui sont partis pour faire fortune dans les pays émergents, comme un bonne jeune française d’école de commerce dynamique, belle et brillante. Non, je suis partie par amour pour suivre mon Mexicain de copain. Pour rien d’autre, ou peut-être aussi car j’avais encore le rêve de vivre une grande aventure mais je pense plutôt que je suis partie pour fuir quelque chose, quelque chose de plus profond, ma peur de ne pas y arriver peut-être, la crainte de ne pas être à la hauteur au travail, de ne plus arriver à progresser, de ne finalement pas être à ma place. En arrivant au Mexique, je me dis que ma place ne sera jamais nulle part, que je serais toujours en transit quelque part, que mon cœur sera toujours déchiré. C’est ça la mondialisation, pour moi. Les voyages, les voyages, les voyages, l’envie de bien faire, de réussir, donc de paraître heureux et accompli, la honte de dire tout haut je veux rentrer voir mes amis, ma famille, mes parents, mon frère, ma sœur, mon pays. Parce que dieu sait qu’ils me manquent.

Mais sans ce voyage, sans mon Mexicain de copain, en serais-je là aujourd’hui ? Sans lui, je ne serais certainement pas en train d’écrire ces lignes, je ne saurais pas à quel point j’aime mon pays. Moi qui est passé mes jeunes années à le critiquer, à me plaindre de lui, à vouloir le fuir comme beaucoup d’autres. Les Français sont râleurs, racistes, pas sympa, hautains, tristes,…C’est comme ça, il y a de tout mais j’aime que l’on accepte d’être triste, j’aime qu’on accepte d’être émotif, rêveur, râleur même hautain pourquoi pas ? Au moins, on n’est pas donneur de leçon.

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Chroniques d'un dépaysement
  • L'ailleurs est étrange, il surprend, enchante, déçoit. Il confronte l'individu à lui-même. Il s'impose et malmène. Il observe l'étranger avec ses idées et ses préjugés, il le critique parce qu'il ne lui ressemble pas, il l'admire parce qu'il est différent
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